Présentation générale:

Axe / Direction (au sens du document PPF)

L'action-Projet APPARENT s'inscrit dans les axes de recherche suivant :

• "Acteurs des TICE" (A11) 
• "Apprentissage réflexif et collaboratif " (A12)
• "Evaluation de l'apprentissage" (A22)

Elle se situe dans un contexte de formation hybride avec un public d'enseignants du secondaire (ou autres fonctions de nature pédagogique).

Le contexte scientifique

Ce projet s’inscrit dans un réseau de recherches, POETIC. L’objectif de ce réseau est de permettre la mutualisation et la confrontation des méthodologies et des résultats de recherche pour l’observation des usages des TIC en éducation et formation (particulièrement les usages des ENT au plan national). POETIC regroupe des chercheurs en sciences humaines et sociales appartenant à différents laboratoires (CIVIIC, CREAD, ELICO etc.).

Description détaillée

L’objectif scientifique de l’action et présentation du contexte général

Le principe du déploiement des Environnements Numériques de Travail (ENT) préconisé par Ministère de l’Education Nationale dans les établissements scolaires observe une logique d’équipement. Cette logique s’appuie sur trois phases : l’étude de faisabilité, le déploiement pilote ou expérimentation, et la généralisation. Selon Jean-Yves Capul[1], membre de la Sous-Direction des TICE, « d’ici un à deux ans, toutes les régions ou tous les départements auront un projet ENT ». Le déploiement pilote permet de mettre en place l’ENT dans certains établissements de l’académie désignée et la généralisation porte sur l’ensemble des établissements. « La généralisation des ENT à l’ensemble des usagers de l’enseignement scolaire a été retenue comme prioritaire dans le schéma stratégique des systèmes d’information et des télécommunications 2008 du ministère » expliquent Jean-Michel Leclercq, chef de projet ENT au ministère de l’éducation nationale et Joël Boissière, responsable de la e-éducation à la caisse des dépôts dans leur article « Le projet ENT : bâtir un système scolaire numérique de confiance pour toute la communauté éducative » (2007). L’objectif serait à terme «zéro papier » dans les établissements et l’obligation des enseignants d’intégrer le cahier de texte numérique dans les collèges à la rentrée 2008. Actuellement 13 projets sont en voie de généralisation (ENTEA, ENT Auvergne, ENT Midi-Pyrénées, IMAGINE, ENCORE, TEN…)[2].

En parallèle, une littérature scientifique abondante montre que la généralisation des TICE en général et des ENT en particulier n’implique pas celle des usages, loin s’en faut. C’est l’idée que reprend et développe Gérard Puimatto (2007) dans son article « De l’outil à l’usage : un processus complexe, une réflexion à engager ». Une confusion a été largement entretenue par les pouvoirs publics entre « généralisation des usages » et « généralisation des outils ». La généralisation mesurée était celle de la disponibilité technique, non pas celle des usages. Selon l’auteur, cette forme de généralisation a été utilisée pour favoriser l’établissement d’une marche forcée en matière d’équipements et d’infrastructures. Rétrospectivement cette phase est une réussite, mais les usages n’ont visiblement pas progressé à la même vitesse.

Problématique

Nous considérons qu’introduire un ENT dans un établissement, c’est engager un processus d’innovation techno-pédagogique qui peut ou non conduire à des pratiques pédagogiques innovantes. Même si l’intégration des ENT ne s’accompagne pas nécessairement d’une innovation pédagogique, l’ENT introduit une innovation technique dans les pratiques des enseignants. C’est pour cette raison que l’intégration d’un ENT sera analysée ici en tant que processus d’innovation potentielle.

Pour observer le degré d’intégration des ENT et le développement des usages par les enseignants, nous nous appuierons sur le cadre théorique de Christian Depover, Albert Strebelle et Bruno de Lièvre (2007) selon lequel il existe trois étapes liées à un processus d’innovation : l’appropriation par les acteurs, la structuration des usages et la diffusion / stabilisation des usages. L’étape d’appropriation par les acteurs fait référence à l’implication active des réseaux d’acteurs. Ensuite, lors de l’étape de structuration des usages, les rôles des acteurs se spécialisent et introduisent un changement en profondeur des pratiques d’enseignement, il y a re-culturation au sein des réseaux d’acteurs. Enfin, lors de la diffusion et de la stabilisation des usages qui s’inscrit dans la continuité de l’étape précédente, il s’opère un changement quantitatif et les réseaux d’acteurs se constituent en communauté de pratiques. La transition d’une étape vers la suivante n’est pas comprise selon un déroulement linéaire, elle correspond à une phase de perturbation telle que les retours arrière sont fréquents.

Ce modèle est un élargissement d’un modèle précédemment développé par les auteurs (1997) reposant aussi sur trois étapes qui peuvent être confondues à ces dernières : l’adoption, l’implantation et la routinisation. Les auteurs se démarquent de ce premier modèle qu’ils jugent trop « techno-centré » pour considérer que l’innovation techno-pédagogique est le facteur déclencheur mais que les variables du milieu jouent un rôle prépondérant dans une approche socio-centrée qu’ils revendiquent à travers le second.

Hypothèse

L’intégration des ENT dans les établissements peut être assimilé à un processus d’innovation qui passe par différentes étapes : appropriation, structuration, diffusion/stabilisation (Depover et al., 2007). Nous posons l’hypothèse que ces étapes ne suivent pas un déroulement linéaire et qu’elles dépendent des contextes d’utilisation des ENT, des fonctionnalités utilisées et des pratiques professionnelles des enseignants.

Nous nous attacherons à situer les usages développés au sein de deux contextes d’innovation différents : ceux des académies de Grenoble et de Clermont en vue de repérer des différences et des constantes. Nous essaierons de définir :

- un état des lieux des usages pédagogiques développés avec les ENT aujourd’hui au sein des établissements de ces deux académies,

- des critères permettant d’apprécier la diffusion/stabilisation de ces usages,

- des facteurs qui concourent à leur développement et à leur diffusion/stabilisation.

L'expérimentation le développement

Nous utiliserons plusieurs sources de données :

- des traces de l’activité des enseignants et des élèves (marqueurs XiTi de la plateforme),

- des entretiens avec les acteurs susceptibles d’exercer ou d’avoir exercé une influence sur l’intégration des ENT dans les établissements (chefs d’établissements, IPR, formateurs d’enseignants, coordonnateurs TICE …). Les entretiens permettront de nous renseigner sur les processus de construction et de diffusion des usages des ENT en contribuant à donner des informations sur l’historique, le contexte et les conditions de leur intégration. C’est sur la base de ces entretiens que nous essaierons de répondre à notre hypothèse de travail concernant le déroulement du processus d’innovation lié à l’introduction des ENT dans les établissements.

- des questionnaires. Un questionnaire en ligne sera administré aux enseignants de 102 établissements [25 établissements dans l’académie de Grenoble (expérimentation) et 77 dans l’académie de Clermont (généralisation)] entre janvier et mars 2009. Le questionnaire est constitué d’une vingtaine de rubriques permettant d’apprécier les étapes d’intégration des ENT par les enseignants au plan pédagogique, technologique, psychologique et social. Nous pensons recueillir entre 1000 et 2000 questionnaires. Les données recueillies grâce aux questionnaires permettront d’effectuer un état des lieux des usages actuels recensés auprès des enseignants à partir des représentations de leurs pratiques (données déclaratives). Les marqueurs XiTi permettront d’obtenir des données objectives sur ces usages et de rendre compte de l’utilisation de certaines fonctionnalités. Ces données permettront aussi de dégager des tendances, voire des profils d’utilisation, en vue d’alimenter notre discussion et de formuler de nouvelles hypothèses. Cet état des lieux pourra être reconduit, par la suite, lors d’une étude longitudinale, pour nous renseigner sur les processus de construction et de diffusion de ces usages.

Planification

- Passation du questionnaire entre le 1^er mars et le 15 avril 2009

- Passation des entretiens entre mars et juin 2009.

- Dépouillement et traitement statistique entre mai et juin 2009

Publications

Article d’ouvrage

• Poyet F., Genevois S. (2009), « Intégration des ENT dans les pratiques enseignantes : entre ruptures et continuités » in Des recherches sur les environnements numériques éducatif, Lyon, INRP, collection Technologies nouvelles et éducation.

Communications dans des colloques internationaux avec acte

• Poyet F. et Genevois S. (2007), Impact des objets métaphoriques sur l’utilisation d’un ENT au collège, Symposium sur les environnements numériques, Congrès international AREF 2007.

 Communications dans des colloques nationaux sans acte

• Poyet F. et Genevois S. : « Environnements numériques en milieu scolaire : quels usages et quelles pratiques ? L’impact des objets métaphoriques sur l’utilisation d’un ENT au collège ». 13^èmes rencontres de l’Orme, Marseille, 2-3 avril 2008

 Rapports d'étude et de recherche

• Genevois, S, Poyet, F. (2009), Les usages pédagogiques des ENT d'Isère et d'Auvergne. Rapport d'étude 2009, INRP, 51 p. voir http://eductice.ens-lyon.fr/EducTice/projets/usages/apparent/enquete2009 et Résultats d'enquête sur les usages de l'ENT d'Auvergne, INRP voir http://eductice.ens-lyon.fr/EducTice/projets/usages/apparent/ENT_Auvergne
• Poyet F. et Genevois S. (2006), Rapport de recherche sur l’observation des usages pédagogiques du Cartable électronique de l’Isère (équipe e-Praxis). Lire le rapport

 Journées d'études

• Poyet F. et Genevois S. (2010), Les ENT et la question de la « généralisation » des usages, Deuxième Journée Recherche sur les ENT dans l'enseignement secondaire 11 mars 2010  organisée par UMR –STEF (ENS-Cachan/INRP)